lundi 17 juin 2013

Bilan de mai / programme de juin

Avec 17 jours de retard, voici venir le bilan de mai

Côté écriture:
- ANDP avance, lentement mais surement (en fait non c'est faux, j'avance vite mais plus lentement que normalement). J'en suis à 36kmots et j'ai fini la 1ere partie.
- Le syno de la suite d'ANDP est presque bouclé
- Que les fans d'Elina et de Cylia se réjouissent: il y aura une suite à derrière la tour, j'ai même déja le pitch et je réfléchis au syno
- par contre, les corrections... que dalle... Je crève d'envie de me mettre aux corrections de Nermie mais je sais que je ne pourrais pas continuer le 1er jet d'ANDP en même temps...

Côté mare:
- J'ai failli à ma règle de 1 béta/ semaine. J'avoue que là je n'y arrive pas, j'ai besoin d'une pause... Bon Fanette, si tu passes par là, rassures toi, je finirais ta béta dès que possible pour l'AT signe

Côté PAL:
- là on est bien vu que j'en ai fait presque 4

Côté autres:
- Le stage terrain s'est bien passé, je suis encore en vie :)
- je suis dans un comité de lecture d'une maison d'éditions !!

Et pour le mois de juin (bien entamé)
- Continuer ANDP (non je ne craquerais pas), voire même essayer de le finir avant le Camp Nano
- Lire 1 livre de la PAL et 1 manuscrit pour le comité de lecture
- finir la béta de Fanette
- Survivre à mon stage industriel

[lectures] La fille de l'Alchimiste, Kai Meyer

Titre : La fille de l'alchimiste (il parrait qu'il y a une suite mais elle n'est pas traduite en français d'après ce que j'ai compris de l'allemand de l'auteur)
Auteur : Kai Meyer
Editeur : Poche (en tout cas pour mon édition)
Nombre de pages : grosse colle, je n'ai pas le livre sous la main...

Quatrième de couverture :
Fin du XIXe siècle. Aura Institoris a grandi dans le labyrinthe de couloirs obscurs du château de ses ancêtres, bâti sur un récif de la Baltique. Lorsque son père, l'alchimiste Nestor Nepomuk Institoris, est assassiné sur l'ordre de son plus vieux rival, la jeune fille se trouve entraînée malgré elle au cœur d'un conflit dont les racines remontent au Moyen Âge. Aux côtés de son frère adoptif, elle décide d'affronter le meurtrier de son père. S'initiant à son tour aux terribles secrets de l'alchimie, elle va braver les intrigues et les dangers, et partir sur la piste du plus grand mystère de l'humanité : l'immortalité...

A lire absolument si on aime :
- les univers fantastiques
- les énigmes

A éviter si on cherche :- des elfes et des nains
- une fin claire et nette (bah oui, la suite n'est pas traduite donc on reste un peu en suspend à la fin mais ça c'est de la faute aux éditions françaises)

L'avis du critique :
Je triche un peu parce que le livre trainait dans ma bibli depuis des années. Mais je ne l'avais jamais fini je crois parce qu'à l'époque j'avais eu du mal à rentrer dedans (on me l'avait vendu en tant que jeunesse alors que ce n'est pas le cas...). Et puis à l'occasion des Imaginales, je l'ai ressorti vu que l'auteur venait et puis j'en ai profité pour m'y remettre.
Ce qui est surprenant dans ce roman c'est avant tout l'univers germanique de la fin du 19e. On y retrouve une ambiance sombre mais qui colle avec l'Allemagne et l'Autriche de l'époque. Autre point important, dès le début, l'auteur n'hésite pas à tuer des personnages ou a leur faire subir des épreuves moralement insoutenables. Je n'en dit pas plus sur ce point parce que cela spoilerait le roman et c'est dommage en soi. C'est d'ailleurs à ce titre que ce n'est pas un roman jeunesse (c'est comme si on disait que le trone de fer en était un... Evidemment, le roman dont je parle là n'est pas aussi sombre que celui de Martin mais il aborde certains thèmes dérangants que le TdF aborde également...).
Les personnages évoluent au fil du roman, grandissent et murissent. Si Aura est une peste égoïste au début, elle deviendra bien plus que cela au fil des pages. Les faux-semblants attirent les lecteurs dans des pièges jusqu'au moment où il y a des retournements de situation stupéfiants.

Petit bémol néanmoins:
- L'absence de fin claire évidemment puisqu'on sent clairement qu'il y a une suite. 
- La fin vite ammenée
- Certains points légèrement incohérents (en particulier sur Gillian) qui ont réveillé la béta qui sommeille en moi.

Malgré cela, ça reste une très bonne lecture, passionnante pour l'intrigue qu'elle propose, même s'il ne s'agit pas du roman du siècle.

Le petit plus du livre : l'univers du 19e, dans une Allemagne et une Autriche envoutantes

[lectures] Iluvendan

Je sais, deux billets dans la même journée ça commence à faire. Mais comme je vous parlais des Imaginales à l'instant, il me semblait logique de rédiger dans la foulée les fiches de lectures des deux romans que j'ai eu là bas et que j'ai dévorés sur le terrain.

Titre : Rencontre avec Gaeria (Iluvendan tome 1)
Auteur :  Nicolas Debandt et Marc Antoine Fardin
Editeur : Editions HSN
Nombre de pages :  424


Quatrième de couverture : Iluvendan. Une cité où la magie et la technologie se côtoient et s’entremêlent. Le Iolthän, étrange cristal noir, source d’énergie mystérieuse, assure la prospérité de la cité, fait voler ses aéronefs, offre le confort à ses habitants. Trois adolescents, les jumeaux Feäsil et Klaod et la séduisante Imenel, vont enfin pouvoir découvrir cette cité, car c’est là qu’ils mèneront leurs études. Les heures de cours, les rencontres avec les enseignants, les doutes personnels, cela aurait déjà de quoi largement remplir les journées : mais voilà qu’ils découvrent des rumeurs parlant d’une pénurie de Iolthän, d’une guerre imminente face au pays voisin ! Et comment résister à l’appel de l’aventure lorsqu’on est jeune ? Les trois héros vont décider d’enquêter. Manipulés par certains, aidés par d’autres, ils devront faire face à des forces qui les dépassent, mais feront tout pour faire éclater la vérité !

A lire absolument si on aime :
- De la fantasy teintée de steampunk 
- Un univers riche et fascinant
- Des clins d'oeil à la réalité


A éviter si on cherche :- Une histoire avec des héros complètement adultes aux commandes
- Un univers joyeux

L'avis du critique :  J'avais déja entendu parler d'Iluvendan pendant mes recherches d'éditeurs, pour la simple et unique raison que j'avais envoyé Roanne aux éditions HSN (et j'en avais profité pour regarder leurs romans publiés). Et puis aux Imaginales, les auteurs ont su me convaincre de l'acheter.
Et c'est vrai que je suis de suite tombée sous le charme. Iluvendan est une sorte de Paris, pleine de mystères et de complots, que nos héros découvrent peu à peu. Leur société est basée sur l'utilisation d'un cristal, le Iolthän, qui possède des vertues magiques. Il intervient partout: dans les transports, dans des technologies... à la manière du pétrole dans notre monde.
Et comme l'or noir, la pénurie de Iolthän est la cause de conflits.
Nos trois héros se retrouvent malgré eux au coeur de tout cela, séparés somme toute assez rapidement. J'avoue que cette séparation donne un certain souffle au roman: non pas qu'il soit ennuyeux, au contraire. Mais la présence des jumeaux ensemble empêchait à mon sens que les personnages soient pleinement développés. Leur séparation permet enfin de les différentier, au moins sur le plan moral, même si au final ils se rejoignent sur certains points.
L'aventure est entrainante à travers un monde assez mystérieux et qu'on brule d'envie de découvrir au gré des personnages.
Malheureusement, certains passages noircissent légèrement le tableau, avec quelques invraisemblances ou des personnages pas forcément très bien creusés (comme le maître Graveur). Cela dit, ça ne gache pas la lecture.
Attends moi tome 2 !!

Le petit plus du livre : le clin d'oeil à la réalité (même s'il n'est peut être pas forcément voulu)

De retour des Imaginales

Oui, je sais, les Imaginales c'était y a presque un mois... Autant dire que je tarde un peu à mettre mon petit débrief mais bon avec le départ sur le terrain et tous le travail, ça a été dur de voir ça avant.

Pour ceux qui ne connaissent pas, les Imaginales sont l'un des grands festivals de SFFF en France, qui a lieu à Epinal (ce qui est super pour les gens de l'Est ^^). Des auteurs de SFFF connus comme Robin Hobb s'y sont déja rendus. Mais les Imaginales c'est surtout une ambiance merveilleuse où l'espace d'un festival, les genres de l'imaginaire sont à l'honneur. Et la rencontre des auteurs n'est qu'une infime partie de ce festival.
Si vous êtes fans de SFFF vous y trouverez forcément une conférence qui vous interpelle (et je vous arrête là: conférence ne veut pas forcément dire ennuyeux ^^).

Et puis il y a le cadre et toutes les activités qui gravitent autour (les démonstrations d'escrime, la fresque des Imaginales, le pic-nic...). Tout est là pour passer une ou plusieurs journées hors du temps et des soucis.

La fresque des Imaginale: plus impressionnante en vrai qu'en photo, je le concède

En ce qui me concerne, je n'ai pu venir que le samedi puisque je partais sur le terrain juste après. Mais ce n'est pas grave parce que j'ai quand même pu profiter pendant quelques heures de la magie des Imaginales. En plus ça a été l'occasion de faire ma première grande rencontre de grenouilles, un instant d'ailleurs tout particulièrement épique avec des remarques du genre "c'est toi illiane ? ah je ne t'imaginais pas comme ça" m'a-t-on dit avec un grand sourire (rassurez vous pour celles qui se reconnaîtront, ce n'est pas un reproche, loin de là. C'est juste qu'on est tellement cachés derrière nos avatars que ça fait bizarre et à la fois plaisir de mettre un visage sur un pseudo).
Et pour les grenouilles qui douteraient encore, je ne suis ni blonde ni pourvue d'oreilles pointues, contrairement à ma photo sur le trombi :-)

Pour faire un bilan, je dirais que les Imaginales c'est un magnifique instant de partage entre les acteurs de l'imaginaire, qu'ils soient auteurs, lecteurs, éditeurs, dessinateurs (la fresque !) ou autres. Si vous avez l'occasion de vous y rendre, n'hésitez pas, même si vous ne connaissez aucun auteur là bas. ça sera l'occasion d'en découvrir (ce qui signifie que votre PAL va gonfler considérablement) et de passer de très bons moments.
Et si vous êtes auteur de SFFF, ça peut aussi vous donner un coup de boost pour vous remettre/continuer l'écriture

Merci encore aux organisateurs, aux auteurs avec qui j'ai pu papoter et puis évidemment aux grenouilles (avec le fameux pic-nic)

vendredi 14 juin 2013

[extrait] Au nom des Possibles - Chapitre 8

Après une petite période de silence (la faute au stage terrain, aux multiples rapports et à l'absence d'une connexion internet chez moi), me revoila donc par ici. J'ai un peu de retard à rattraper entre le bilan de mai, des imaginales et deux chroniques de romans à faire mais ça ne saurait tarder :)

En attendant, un extrait d'Au nom des possibles, quand Kat commence à retrouver la mémoire

Un ballottement s’exerçait de part et d’autre, poussant tantôt la jeune femme à sa droite, tantôt à sa gauche. Cela la dérangeait particulièrement, sans qu’elle ne comprenne d’où venait ce mouvement si désagréable. Depuis la banquette où elle était allongée, elle pouvait même sentir un ronronnement à la fois doux mais brutal par instants.
Kat ouvrit brutalement les yeux, paniquée par ces sensations. Elle se redressa légèrement sur la banquette. Deux vitres se regardaient, de part et d’autre de son siège. Au dehors, un paysage défilait faiblement. C’est donc pour ça le ballotement L’amnésique regarda à l’avant, découvrant Alviss et Neil, dans un véhicule qu’elle ne connaissait pas. Néanmoins, elle ne parvenait pas à s’expliquer pourquoi les Travellers se trouvaient ici. Dans ses souvenirs, ils devaient se rendre avec elle dans un Abri au nord de Genève… Mais ils n’avaient jamais parlé de voiture ou d’un quelconque moyen de transport.
— Arrêtes tes conneries au volant ! Elle va finir par se réveiller…
— Tu blagues ? Avec la dose qu’elle a reçue ? Miss katje n’est pas prête de nous fausser compagnie.
La jeune femme écarquilla les yeux. Les deux voix ne ressemblaient pas du tout à celles des Travellers qui l’aidaient à échapper aux Salteurs. D’autant plus qu’elle ne comprenait pas à quoi ils faisaient référence. Les graines de la peur germèrent au plus profond de Kat. Que s’était-il passé ? Avait-elle utilisé son pouvoir pour essayer de sortir d’une situation délicate ? Combien de temps de son passé avait-elle perdu ? Et surtout, qui étaient les détenteurs de ces voix ? S’il ne s’agit pas d’Alviss et de Neil… Un élan de panique tenta de prendre possession d’elle. Cependant, la jeune femme parvint à se retenir. Les deux personnes à l’avant ne lui voulaient rien d’amical, elle en avait la certitude. Il fallait qu’elle s’échappe ! Bougeant à peine, les yeux mi-clos, Kat détailla l’arrière de la voiture. Les fenêtres étaient fermées, le véhicule roulait à toute allure… Impossible de fuir discrètement ! Elle était piégée ! La peur continua à grandir, s’imposant avec majesté dans son esprit. Calme-toi, s’imposa l’amnésique. Si elle ne pouvait pas s’échapper maintenant, mieux valait qu’elle fasse alors semblant d’être toujours endormie… en attendant le meilleur instant pour fausser compagnie à « Neil » et « Alviss ».
Les échos de la conversation des deux hommes à l’avant parvenaient à ses oreilles, même si elle ne comprenait pas tout. Néanmoins, certaines phrases restaient claires et nettes.
— Tu sais ce qu’ils veulent en faire ? demanda l’homme qui conduisait.
L’autre haussa les épaules en soupirant.
— J’sais pas trop… J’avais entendu dire qu’ils voulaient la séparer de l’Alastar. Après… ils ont surement d’autres raisons et c’est pas moi qui irais leur demander…
Un ton de crainte mêlé de respect inondait la voix de celui qui venait de parler.
L’Alastar… Ce mot lui rappelait quelque chose, sans que Kat ne parvienne à mettre une image ou une explication dessus. Par contre, cela avait trait avec les Salteurs. Ce sont donc des Salés qui conduisent ? Cela se tenait. Après tout, ils avaient accumulé assez de richesses pendant leurs années de pouvoir pour détenir des voitures… A cet instant, un élan nauséeux s’instilla en elle. Le mouvement houleux de la trajectoire du véhicule lui donnait le mal des transports. L’amnésique se frotta doucement les yeux, luttant en même temps contre l’envie de vomir qui se profilait. Ce type de mal au cœur ne lui était pas inconnu. Dès qu’elle montait dans un moyen de transport motorisé, la jeune femme ressentait cela. Elle s’en souvenait avec clarté maintenant !
Le ballotement fut plus puissant que ses résolutions. Perdant tout contrôle sur son corps, la jeune femme rendit son dernier repas sur le sol de la voiture. Elle tressaillit alors, comprenant qu’elle venait de donner une preuve à ses geôliers mobiles de son réveil. Il fallait qu’elle se cache ! Le cœur de l’amnésique se mit à battre la chamade, d’angoisse tant que de dégout. Elle aurait voulu pouvoir se changer en grain de poussière, si petit que nul ne pouvait le distinguer. Ou en ombre, songea-t-elle. Comme ça, personne ne serait en mesure de me voir… Malheureusement, ce n’était pas possible. L’homme qui ne conduisait pas se retourna. Katje ferma les yeux, de peur. Peut-être était-il assez idiot pour croire que quelqu’un d’inconscient pouvait vomir… Tremblotante, elle essaya de se convaincre qu’il fallait qu’elle apparaisse sereine. Pourtant, rien n’y fit : ses traits restèrent crispés, ses poings fermés et son souffle court, comme si elle revenait d’un marathon.
La jeune femme entrouvrit les yeux, tentant de distinguer le visage de l’homme
— Alors comme ça la katje est réveillée ?
Ce n’était ni Alviss, ni Neil.
Frappée par cette vue, la jeune femme ouvrit pleinement les yeux. Devant elle, les deux Travellers continuaient à conduire, dans le calme, comme si de rien n’était. Perplexe, l’amnésique baissa le regard sur le sol.
Rien.
Aucune trace de vomi.
Alors comment… Les voix qu’elle avait entendues étaient réelles, aussi dures et tranchantes que la vérité. Kat ne pouvait pas ne pas y croire. Cette vision lui appartenait tout autant que celle qui se déroulait sous ses yeux. Cependant, elle ne parvenait pas à assembler ce puzzle complexe. Des morceaux lui manquaient, l’empêchant de résoudre cette fresque audio-visuelle étrange. Tout cela lui semblait à la fois familier et lointain.
Proche et incompréhensible.
Il lui manquait un morceau, une lumière pour éclairer ce qui manquait. La jeune femme s’engouffra à travers le voile qui était abattu sur son esprit. Elle poussa, persista, s’accrochant à ces visions, essayant de les comprendre. Le morceau crucial lui échappait en permanence, disparaissant à chaque fois que Kat s’en approchait. Il s’agissait d’une course poursuite imaginaire, dans les dédales de sa conscience. L’élément s’effaçait dès que la jeune femme le percevait. Mais à chaque fois, elle comprenait qu’elle en était toujours plus proche. Cette idée l’empêchait d’arrêter. La nécessité de comprendre la situation qui l’entourait la forçait à agir de plus en plus vite, prenant toujours plus de risques.
Puis soudain, Kat s’élança. Elle piégea ce morceau qui n’avait jamais cessé de s’échapper. Dès qu’elle posa une main virtuelle dessus, tout s’imbriqua. Le puzzle complet s’affichait dans sa tête, rayonnant de sa compréhension.
28 ans de souvenirs déboulèrent dans sa mémoire.


Elle s’appelait Nadine Hanna Isleen. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours été une fouineuse. Elle habitait près de Bruxelles quand les 30 pays de l’Union Européenne avaient décidé de s’unir.
Quand les premiers zombies avaient surpris le monde au point que les Nations Unies acceptent d’emmurer l’Europe Unie. Bien sûr elle avait 6 ans à l’époque… La fillette n’avait pas compris tout de suite ce que ça changeait. Et puis ses parents avaient dû quitter la campagne wallonne pour se terrer à Bruxelles, le premier Abri mis en place. Nadine se souvenait avoir détesté ce déménagement. En ville, il n’y avait pas autant de place qu’à la campagne. Sans parler des gens qui étaient agressifs envers les réfugiés. En grandissant, l’adolescente avait fini par comprendre pourquoi. Exacerbés par les Salteurs, les bruxellois d’origine craignaient que les futur Travellers n’essayent de prendre leur place en ville. Dégoutée par l’injustice qui pesait dans l’Abri, elle décida d’étudier le droit. Pourtant, pendant ces années d’études, Nadine comprit que les zombies n’étaient pas le principal problème du pays. A vrai dire, ils étaient même un moindre mal par rapport aux Salés. C’est à cette époque qu’Alastar commença à se révolter. Celle qui devenait peu à peu une adulte avait vu les manifestations contre les Salteurs grossir de jour en jour. Mais malgré qu’elle les ait soutenus moralement, la jeune femme resta enfermée à étudier. Pas un seul instant, elle ne descendit dans la rue pour les rejoindre. Avec le temps, Nadine le regretta, maudit sa lâcheté.
Et puis l’Alastar, ou le Sauveur comme les gens finirent par l’appeler, renversa les Salteurs. La jeune femme se souvenait de cet instant mémorable où tous les Abris d’Europe Unie furent en fête. Pourtant, un an plus tard, poussée par sa curiosité, elle tomba sur quelque chose d’intriguant : certains Salés étaient toujours au pouvoir dans certaines institutions de la capitale. Abandonnant son travail pendant quelques instants, au profit de l’aventure, Nadine s’introduisit dans un ancien bâtiment des Salteurs. A aucun instant, elle ne pensa faire une bêtise. Elle fouina jusqu’aux sous-sols de ce bâtiment supposé être désaffecté alors qu’il ne l’était pas. La jeune femme trouva alors la justification de ses soupçons : dans une cellule bien cachée, elle avait découvert la supercherie : Alastar lui-même. C’est alors qu’elle avait compris la vérité : les Salés n’avaient jamais quitté le pouvoir. Ils détenaient le Sauveur et se servaient de son image pour mieux contrôler les foules. Nadine n’eut pas l’occasion d’aller plus loin. Les Salteurs la prirent la main dans le sac et la condamnèrent au même sort que l’homme qui avait essayé de s’opposer à eux.


Kat cligna des yeux, face à la masse de souvenirs qui déboulaient en elle, ravageant tout sur leur passage. En l’espace d’un instant, presque toute sa vie s’était déroulée dans sa tête. Elle comprenait maintenant la situation qu’elle avait observée dans la voiture. Ce n’était que de simples réminiscences, probablement provoquées par son mal des transports. Dans un sens, la jeune femme restait encore effrayée par ces révélations : Elle avait déjà été aux mains des Salés, au même titre qu’Alastar. A cette pensée, Nadine ne put s’empêcher d’éprouver de la culpabilité. Après avoir subi des années d’horreur chez les Salteurs, elle se sentait honteuse de ne jamais s’être levée contre eux. Ne rien faire équivalait à consentir à leurs actes… Cette idée la dérangeait profondément. Cela la prenait aux tripes, la déchirant de part en part, au point qu’elle aurait pu en hurler. Le simple fait d’y penser constituait une torture mentale.
Toutes les informations qu’elle venait de découvrir lui permettaient de mieux comprendre les évènements des derniers jours. Elle s’était enfuie et les Salteurs la recherchaient toujours. Et s’ils avaient retrouvé Alviss, Neil et elle si facilement à la sortie de l’Abri des Côtes, c’était surement parce que les Salés en poste à la préfecture de Dijon avaient dû prévenir leurs collègues. Peut-être même que l’expulsion d’Alviss faisait partie de leur plan… Tout cela signifiait que les Salés dirigeaient encore. Donc Alastar est encore à leurs mains.
Kat releva la tête. La situation tournait à son avantage, lui offrant la possibilité de rattraper ses erreurs du passé. Cette fois, elle ne resterait pas sans agir. Cette fois, elle n’avait plus rien à perdre. La jeune femme se redressa complètement sur la banquette arrière de la voiture. Combattant son mal des transports, elle se pencha vers les Travellers.
— Neil ? Alviss ?
Sa voix chevrota quelque peu, de façon parfaitement inattendue. Kat aurait aimé que cela ne se produise pas mais après tout, cela ne changeait pas grand-chose. Le journaliste se retourna vers elle.
— Katje ? T’es réveillée ?
Katje.
Le chaton qui s’était enfilé là où il ne fallait pas.
Maintenant, elle savait ce que cela signifiait.
La jeune femme acquiesça en souriant. Une assurance nouvelle s’était instillée en elle, aussi solide que le granite des Vosges. La culpabilité donnait naissance à ce sentiment, remplaçant toute la peur qu’elle avait pu ressentir quelques instants plus tôt.
Il leur appartenait de changer des choses.

— J’ai quelque chose à vous dire.